You are currently viewing Hypnose de spectacle, intérêt grandissant

Hypnose de spectacle, intérêt grandissant

Les débats nourrissent l’esprit et ne pas être d’accord me parait un merveilleux point de départ pour aborder un sujet éruptif dans le monde l’hypnose: les techniques de spectacle et leur intérêt en séance particulière. Il se trouve que l’hypnose de spectacle a, de longue date, été violemment critiquée par les praticiens, surtout Français et néo-Ericksoniens. Et même les techniques utilisées ont souvent été rejetées, au motif qu’elles pouvaient être “violentes” et j’ai même lu “dangereuses”. Mais récemment, l’hypnose de spectacle et les techniques rapides ont fait un boom dans les centres de formation en France, alors abordons le pourquoi du comment et détricotons le vrai du faux.

L’hypnose de spectacle a pour objectif de divertir les spectateurs en faisant participer tout ou partie de ce public, afin qu’il vive des phénomènes hypnotiques intéressants, drôles et parfois impressionnants. Pour cela, l’hypnose de spectacle utilise des techniques de sélection des sujets les plus sensibles à l’hypnose, notamment lorsque le public est nombreux. Dans le cas d’un nombre de spectateurs réduits (salon entre amis, très petit mariage, petit comité d’entreprise), certains hypnotiseurs “s’amusent” à essayer de faire vivre l’expérience hypnotique à tout le monde. Mais souvent, le nombre de participants, l’alcool ou la non-volonté/appréhension des spectateurs réduisent le nombre de participants.

Ce premier paragraphe permet de comprendre le premier grief fait aux hypnotiseurs de spectacle: le spectateur est amené à croire que certains sujets sont réceptifs et d’autres non. En vérité, nous le savons maintenant, tout le monde est absolument réceptif à l’hypnose. Mais comme pour toute discipline, certains sont simplement extrêmement doués et n’ont besoin d’aucun entraînement pour atteindre des profondeurs idéales en spectacle. Et c’est vrai que ce cliché n’est pas toujours bien déconstruit lors de l’anamnèse de l’hypnotiseur. Pourquoi ? Comme toujours en spectacle, le temps est un élément précieux et doit donc être optimisé.

Par ailleurs, dans cet objectif d’aller vite, les hypnotiseurs ne peuvent pas utiliser les longues inductions hypnotiques développées par l’hypnose Ericksonienne. En ayant sélectionné les plus réceptifs à cet instant, ils vont tenter d’induire très rapidement les participants. Ils effectuent notamment des ruptures de pattern où le sujet finit, la plupart du temps, allongé au sol. Ces ruptures peuvent être appuyées par des propos dissociatifs, songeurs et difficilement compréhensibles. Ce type d’induction permet une profondeur de trans très importante dès le début et favorise ainsi la suggestion des participants afin de pouvoir développer les différents effets du spectacle.

Là encore, de nombreuses voix s’élèvent. En donnant une telle image, les hypnotiseurs feraient peur aux spectateurs et donneraient ainsi une mauvaise image de l’hypnose. La vérité c’est que effectivement, si le discours de l’hypnotiseur n’est pas adéquat, il peut entretenir l’idée qu’il a un don et favorise ainsi une appréhension de cet état chez les spectateurs. Pourtant, de nombreuses personnes viennent en séance particulière après avoir vu un spectacle sans être monté sur scène… Pourquoi ? Parce qu’elles ont été impressionnées par ce “pouvoir” et sont devenues alors persuadées que l’hypnose allait pouvoir régler tous leurs problèmes. Et cette force de conviction va incroyablement bien aider le processus hypnotique; si le praticien utilise intelligemment cette idée de puissance de la trans (qui est d’ailleurs réellement quelque chose de puissant pour changer). Donc non, le spectacle, de ce point de vue, ne porte pas préjudice à ce que nous pouvons faire en séance derrière, au contraire.

Au contraire dis-je, puisque ceux qui ont vécu la trans sur scène, vont être d’autant plus facilement hypnotisables et les autres voudront aussi vivre des profondeurs d’hypnose aussi fortes. Enfin, si tenté que vous expliquiez les choses adéquatement. Tout le monde rêve de pouvoir faire une catalepsie de son bras, de ses jambes, une amnésie d’un chiffre, ou une hallucination. Tout le monde, si le pré-talk est bien fait. Donc, par pitié, que vous soyez confrère ou client, ne dîtes plus que l’hypnose de spectacle et l’hypnose de cabinet n’ont rien à voir. Elles ont tout à voir. Les deux permettent de vivre des rêves éveillés. Seuls les objectifs diffèrent. Quand je colle une main en séance, au-delà du plaisir de faire rêver la personne, je permets surtout à cette dernière de comprendre que son imaginaire peut favoriser n’importe quel changement en elle; si elle le souhaite.

Vous comprenez là l’intérêt d’intégrer des phénomènes hypnotiques aux séances individuelles. De la même manière, l’hypnose de spectacle met le doigt sur une méconnaissance française: les différents niveaux de trans. Malheureusement, comme dans de nombreux domaines, les pays anglo-saxons sont en avance et l’hypnose n’y échappe pas. Ainsi, très peu de praticiens connaissent les niveaux de profondeurs hypnotiques et les moyens de les tester. Pire, nombre d’écoles pensent qu’il n’y a pas de niveau, où qu’ils n’ont pas d’intérêts. Pourtant, aucun hypnotiseur de spectacle n’obtient des résultats au hasard. Il ne passe pas des suggestions d’hallucinations avant des suggestions de catalepsie par exemple… C’est d’ailleurs en expert d’hypnose de spectacle que Dave Elman, hypnotiseur de renom aux Etats-unis, a déterminé sciemment des profondeurs hypnotiques avec élaboration de tests.

Si vous ne connaissez pas la profondeur d’hypnose de votre client, alors vous ne savez pas si vous êtes au bon niveau pour effectuer le travail pour lequel il vous rémunère. Ni plus, ni moins. Ce qui explique les résultats hasardeux, ou un nombre de séances plus importants qu’avec des hypnotiseurs formés en hypnose Elmanienne… Mais heureusement, les choses changent. Les écoles ont compris que l’hypnose de spectacle avait de l’avance et ils reprennent donc les techniques rapides dans leurs apprentissages. Le retard est tout de même loin d’être rattrapé. Alors si vous êtes praticien, formez vous aux techniques Elmanienne, sortez de ce carcan français qui est resté figée dans une hypnose du passé. Et si vous êtes client, assurez-vous que votre partenaire d’hypnose connaisse au moins les niveaux de trans. Sans cela, il faudra plus de séances et cela pourrait conduire à un taux de réussite bien moindre qu’avec un autre hypnotiseur…